Centre de santé communautaire du Blosne

Texte intégral du podcast

Le centre de santé est un lieu de soins pluridisciplinaires accessibles à tous (tiers payant) qui offre des consultations individuelles (médecine générale, sage-femme, infirmier, orthophoniste) tout en proposant des actions collectives autour de la santé et de mieux-être.

Leur approche vise à prendre en compte tous les déterminants de santé tout en impliquant les habitants du Blosne dans l’analyse des besoins et la recherche de solutions.

Découvrez le podcast réalisé par Radio Laser, pour la Corlab.

Episode 1

Au cœur du quartier populaire du Blosne, à Rennes, une réunion se tient ! Elle prépare le 3 novembre 2020 une rencontre avec les habitants du quartier. Le but ? expliquer ce qu’est un centre communautaire de santé !

Générique : L’économie autrement, le rendez-vous quotidien de l’économie sociale et solidaire en Bretagne.

Fanny Guillon : Si on prenait une convention, qu’on l’appliquait et qu’on suivait un modèle d’organisation… en fait, on aurait juste à acheter des tables de consultation et des abaisse-langues et on ouvre demain! Sauf que comme on veut faire quelque chose de nouveau, d’original, dans le sens où on ne plaque pas un modèle tout fait… Et bien en fait, même au niveau des financements, on est toujours à la croisée de plusieurs choses.

Je suis Fanny Guillon. Je suis coordinatrice de l’Association “Centre de santé communautaire du Blosne” dont je suis salariée depuis janvier. Et l’association existe depuis juin 2019.

Journaliste : Ce projet, en quoi consiste-t-il?

Fanny Guillon : C’est la création d’un centre de santé communautaire au Blosne, où on proposera des consultations médicales individuelles et aussi des actions collectives autour de la santé. Le cœur du projet, c’est les habitants d’un quartier, c’est bien le territoire. Et un des gros challenges de la création du projet, c’est comment on implique les habitants en amont? Et puis ensuite, comment on implique les habitants par la suite, dans les activités du centre et notamment dans la gouvernance?

Journaliste : Ça veut dire que vous savez déjà ce qu’on trouvera dans ce centre de santé?

Fanny Guillon : En terme de consultation, il y aura des médecins généralistes, quatre médecins. Un infirmier d’éducation thérapeutique, qu’on appelle infirmier Asalée. Une sage femme et une orthophoniste. Il y aura un médiateur en santé qui sera chargé de faire le lien entre les professionnels de santé et les habitants, entre les structures et les administrations et les habitants. Qui sera une sorte de facilitateur d’accès aux soins. Il y aura des accueillants dans notre espace d’accueil, qu’on veut convivial et qui soit un espace de discussion, et pas une simple salle d’attente. Et puis, il y aura deux coordinatrices-gestionnaires, pour mener la danse!

Journaliste : Dans les zones plus rurales, on parle beaucoup de maisons de santé. C’est quoi la différence?

Fanny Guillon : Une maison de santé, ce sont des professionnels de santé libéraux qui se regroupent dans un même lieu avec un projet de santé commun. Mais on est bien sur des professionnels libéraux. Là, pour le centre de santé, on est salarié d’une structure. Donc, les professionnels ne sont pas payés à l’acte, mais sont salariés, donc ont un salaire fixe. Nous, on fait le choix d’une structure associative. Mais les centres de santé peuvent être municipaux, c’est à dire que des professionnels sont salariés d’une municipalité. Ils peuvent être mutualistes. Il y a plusieurs modèles. Mais le cœur, c’est bien le salariat, l’accessibilité à tous : donc pratiquer le tiers payant, voire le tiers payant intégral. Et des plages horaires d’ouverture qui vont du lundi matin au samedi midi minimum. Donc, il y a un cahier des charges quand même pour être centre de santé.

Journaliste : Avec un service d’urgences également?

Fanny Guillon : Non, il n’y a pas de service d’urgences. Il peut y avoir des consultations qu’on appelle “fil rouge”, c’est-à-dire qu’il y a des consultations programmées et des consultations non programmées. Il y a des urgences de médecine générale, c’est-à-dire que les gens peuvent être vus en urgence. Mais après, il n’y a pas de service d’urgences à proprement parler. Les gens devront continuer à aller aux urgences, pour ce qui relève des urgences.

Générique : Ce reportage a été réalisé par la Corlab. Retrouvez-le en podcast sur Corlab.org.


Episode 2

Le centre de santé communautaire du Blosne s’est lancé autour de cinq personnes. Aujourd’hui l’équipe s’étoffe !

Générique : L’économie autrement, le rendez-vous quotidien de l’économie sociale et solidaire en Bretagne.

Fanny Guillon : Bonjour!

Interlocutrice : Bonjour, on vient chercher le café.

Fanny Guillon : Ah oui, excusez-nous. Et bien, un petit peu.

Interlocutrice : Désolé, on vient vous couper en plein milieu…

Fanny Guillon : Ah non c’est bien, c’est la vie, quoi ! Mais il n’y en a plus beaucoup du café, désolée. Oui, du coup, il faudrait une newsletter, je pense. Mail et papier pour les aider.

Journaliste : À la genèse du projet, ça a démarré à cinq?

Fanny Guillon : Ça a démarré à un ! Fois cinq. En fait, ça a démarré dans la tête de plein de personnes qui se sont retrouvées. Qui se sont, par affinités, regroupées autour du projet. Charlotte Le Vacon, médecin. Elinore Lapadu-Hargues, médecin, Ana Gonzalo, médecin. Claire Terra, médecin. Moi même, qui travaillais dans une collectivité territoriale. On avait tous envie de travailler et de créer une structure pluri-disciplinaire et pluri-professionnelle autour de la santé, et autour de la santé communautaire. Mes collègues se sont rencontrées soit dans le cadre universitaire, soit lors de concertations qui ont pu être organisées par la Ville de Rennes autour de la santé et autour de la santé au Blosne. Et est née l’idée de créer ce centre de santé communautaire. De se monter en association. Et ensuite, les dés étaient lancés, et on a déroulé le projet jusqu’à l’ouverture, on l’espère, en mars 2021.

Journaliste : Depuis combien de temps vous travaillez dessus?

Fanny Guillon : Ça fait deux ans que le projet est en travail, en réflexion. Il y a eu une accélération avec mon arrivée en janvier, en tant que salariée à temps plein. Donc là, ça fera deux ans. On a été rejoint pendant le confinement en mars et avril par un infirmier, une sage femme et une orthophoniste, pour étoffer les réflexions.

Charlotte Le Vacon : Moi, je suis Charlotte Le Vacon. Je suis médecin généraliste et je fais partie du groupe de réflexion du projet du Centre de santé, depuis deux ans.

Journaliste : Fanny parlait des professionnels qui vous ont rejoints pendant le confinement. Ça vient valider votre idée de départ, de voir que d’autres professionnels adhèrent aussi au projet?

Charlotte Le Vacon : Complètement. L’idée, c’est qu’il y ait encore de nouvelles personnes qui nous rejoignent et qui adhèrent au projet et à nos valeurs.

Journaliste : On n’est pas de trop, à dix, quand on veut monter un tel projet?

Charlotte Le Vacon : Effectivement, ça complique l’organisation. Pour réussir à se fixer des réunions où on se retrouve tous, on a mis en place des petites cellules de travail. Et puis, il faut accepter que parfois, on fait des réunions d’équipe, où il manque des personnes, et c’est comme ça.

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Episode 3

Le 3 novembre 2020, les habitants du quartier du Blosne à Rennes sont invités à venir construire le projet de centre de santé communautaire du quartier, porté par cinq femmes professionnelles de la santé. Elles pourront répondre ainsi à leurs interrogations, notamment sur le terme communauté, pas toujours à la mode…

Générique : L’économie autrement, le rendez-vous quotidien de l’économie sociale et solidaire en Bretagne.

Charlotte Le Vacon : Des questions à poser, ça pourrait être :”Comment vous souhaitez vous impliquer ou comment vous souhaiteriez que les habitants s’impliquent dans le projet?” La question de l’adhésion : “Qui pourrait adhérer à l’association? Qu’est-ce que ça veut dire être adhérent de l’association?” ça je le vois un peu plus comme des relances peut-être… Il faudrait une seule question parce que sinon, ça va partir un peu dans tous les sens. Et puis, que chaque groupe puisse voir ce qu’a noté le groupe précédent, puis compléter.

Fanny Guillon : Oui, et du coup, c’est important je pense, de faire une intro, sur le Centre de santé communautaire qui est associatif. “Une association, c’est ça”. Ça veut dire qu’il y a des salariés, ça veut dire qu’il a un conseil d’administration. Ça veut dire que dans le conseil d’administration, il y a tel ou tel type de personne : donc les habitants, est-ce qu’il y a des salariés, est-ce que des professionnels ? Mais les professionnels, c’est qui? Je pense qu’il faut faire un petit rappel sur le statut associatif, ce qui n’est pas forcément connu de tous et toutes.

Journaliste : “Un centre de santé communautaire”. Le mot peut faire peur. Est ce que vous l’observez quand vous présentez le projet? Parfois, il y a des interrogations autour de cette notion?

Charlotte Le Vacon : Oui, on a eu beaucoup de remarques sur ce terme “communautaire”. Des remarques que nous ont remontées aussi d’autres centres de santé communautaires avec qui on a pu échanger. Après, je pense qu’il ne faut pas prendre le terme “communautaire” tout seul. Il faut vraiment prendre le terme de “santé communautaire”. Pour moi, ça signifie vraiment réfléchir à la santé à l’échelle d’un territoire, d’un quartier, en l’occurrence celui du Blosne. Ça signifie pour moi prendre en charge la santé dans une approche globale. Se dire que la santé, ce n’est pas juste ne pas avoir de maladie. C’est aussi se sentir en bonne santé. C’est aussi avoir l’accès à un logement décent, à une nourriture correcte, à la culture, etc. C’est un tout. Et puis, dans la santé communautaire, on sous-entend aussi beaucoup la participation des habitants, c’est-à-dire qu’on part vraiment de leurs besoins, qu’on réfléchit ensemble et qu’on trouve des solutions ensemble.

Journaliste : Vous êtes dans une démarche qui peut détonner, j’imagine, chez vos confrères et consœurs libéraux. Ça étonne parfois, quand vous parlez de ce parcours-là?

Charlotte Le Vacon : Alors on a rencontré tous (non probablement pas tous, parce qu’il y a quand même du monde, c’est un grand quartier). On a rencontré beaucoup de professionnels du secteur social ou du secteur de la santé sur le quartier. Effectivement, ce sont des termes qu’ils ne connaissent pas forcément. Mais en discutant, en expliquant, c’est plutôt bien compris. Et puis, bien accepté. Après, il faut qu’on continue les échanges.

Générique : Ce reportage a été réalisé par la Corlab, retrouvez-le en podcast sur Corlab.org.


Episode 4

Le centre de santé communautaire n’a pas choisi de s’installer dans le quartier du Blosne par hasard. Et si le quartier populaire rennais change de visage avec la construction d’un nouveau conservatoire de Rennes par exemple, ce choix répond surtout à un besoin pour les habitants.

Générique : L’économie autrement, le rendez-vous quotidien de l’économie sociale et solidaire en Bretagne.

Fanny Guillon : Ok! Et bien, c’est pas mal ça! Du coup, après il faut inviter les habitants. J’ai fait un événement Facebook. Ça ne va pas suffire : il faut envoyer des SMS, des mails. Il faut relancer.

Journaliste : Le choix du quartier : pourquoi le Blosne ?

Fanny Guillon : Finalement, chacune dans notre coin, on avait un petit peu de envie de travailler, de monter une structure un peu différente. Et au moment où nous, nous réfléchissions un petit peu à ça, il y avait toute une discussion sur la santé sur ce quartier, organisée par la Ville de Rennes, par la mairie. On est venu à ces réunions et en fait, on s’est rendu compte que c’était le quartier de Rennes où il y avait la densité la plus faible de médecins généralistes, mais aussi de professionnels paramédicaux. Et où il y a quand même beaucoup de besoins et beaucoup de demandes de la part des habitants. Un projet tel qu’on l’imaginait, prenait tout son sens sur un quartier comme le Blosne.

En fait, ce qui est assez chouette, c’est que les habitants, ceux qu’on a rencontrés jusque là, sont très ouverts. C’est très simple d’échanger. Ils ont beaucoup d’idées et beaucoup d’envies. Ils ont très envie d’être acteurs dans les solutions, dans la recherche des solutions. Après, ce qui est plus compliqué, c’est de toucher tout le monde : il y a beaucoup de personnes qui sont très isolées, qui sont qui sont hors des radars habituels et il va falloir qu’on trouve des moyens de toucher les personnes qui sont plus isolées. Et pour ça, le médiateur en santé qu’on est en train de recruter, va permettre d’aller à la rencontre de ces personnes, soit sur la voie publique, soit suite au passage d’un médecin dans une visite à domicile, par exemple. Il va pouvoir repasser voir la personne, quand c’était initialement le médecin ou la sage femme ou autre, pour repérer des problématiques autres que médicales ou des choses qui peuvent altérer l’état de santé. On va pouvoir aller chercher les personnes qui ne vont pas – parce qu’il y a X francs – qui ne vont pas venir vers nous. Et pour caricaturer, mais à peine, ce sont ces personnes-là qui ont le plus besoin de nous.

Journaliste : C’est un public invisible, en quelque sorte?

Fanny Guillon : On peut les appeler les invisibles : ce sont les personnes soit qui n’osent pas, soit qui n’ont pas les infos, soit qui n’ont pas les codes entre guillemets, pour qui c’est complexe. C’est un parcours du combattant, d’accéder aux soins, d’accéder aux droits. L’idée, c’est qu’en couplant la santé et le social, en travaillant au centre de santé en lien avec les autres acteurs du quartier, on va pouvoir être ce maillon manquant, actuellement sur le quartier, qui va pouvoir fluidifier tout ça et donner l’accès à ces personnes, entre guillemets, invisibles ou qui sont éloignées du droit, à leurs droits et à un meilleur état de santé général.

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Episode 5

Si les prochaines semaines n’inspirent pas à l’optimisme quand on organise des événements, l’équipe du centre de santé communautaire du Blosne garde le cap vers une date : 8 mars 2021 !

Générique : L’économie autrement, le rendez-vous quotidien de l’économie sociale et solidaire en Bretagne.

Fanny Guillon : On peut faire par 10 et à 18 heures, à 19 heures, 20 heures. Est-ce qu’on peut scinder en trois dans le truc?

Interlocuteur : A savoir que les gens sont censés s’inscrire avant.

Charlotte Le Vacon : Déjà, je pense qu’on fait que avec les habitants, si jamais la jauge est limitée. On fait que les habitants et les professionnels du quartier.

Fanny Guillon : Le truc, c’est que si on ne peut pas du tout le faire, s’il peut y avoir zéro présentiel…?

Charlotte Le Vacon : Si on ne peut pas, on annulera.

Journaliste : Vous êtes pressées de faire l’inauguration de ce centre de santé communautaire, ici, au Blosne?

Charlotte Le Vacon : Oui, on a hâte d’ouvrir cette structure, de voir comment ça va fonctionner, de travailler ensemble, je pense, parce-qu’on discute beaucoup, on réfléchit beaucoup ensemble, mais en fait, on n’a jamais travaillé ensemble vraiment au sens de l’activité de soin. Après je pense qu’on a tous quelques petites appréhensions. Moi aussi.

Journaliste : Lesquelles?

Charlotte Le Vacon : Est-ce qu’on va réussir à mener ce projet à bien, tel qu’on la dessiné dans notre tête? Est-ce que les habitants vont vraiment adhérer au projet et puis s’impliquer comme on l’aimerait? Alors là-dessus, on sait que ça va prendre du temps. Donc il faut se donner le temps de créer du lien. Et puis, le travail en collectif n’est pas toujours facile. Donc, on espère qu’on aura trouvé les bons outils, qu’on aura pensé aux bons outils pour que tout se passe bien dans l’équipe.

Journaliste : Ouverture en mars 2021. On croise les doigts. Où sera situé ce centre de santé?

Fanny Guillon : L’ouverture est prévue actuellement pour le 8 mars 2021. Le centre de santé sera situé en cœur de quartier, place du Banat, qui donne sur le parking du métro Blosne. Il va être situé provisoirement place du Banat, à partir de 2021 jusqu’à 2023. Et ensuite, il va déménager, on l’espère, en 2024, dans un nouveau bâtiment qui va sortir de terre en 2024. Là, on va doubler notre surface : de 200 mètres carrés, on va passer à 400 mètres carrés, donc on pourra avoir plus de professionnels, proposer plus d’activités et puis être plus en lien pour pouvoir proposer plus de choses. Là, on va être un peu réduit en termes d’activités par rapport à la taille des locaux.

Journaliste : Et le choix de la date le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, c’est un hasard?

Fanny Guillon : En fait, c’est le lundi, après les vacances scolaires d’hiver et c’est un hasard ! Mais on trouve que c’est un heureux hasard, aussi parce qu’on est un groupe majoritairement féminin et que ça a peu d’impact sur le montage du projet en soi, sur la réception du projet… mais clairement, en tout cas, moi, personnellement Fanny Guillon, je tire une grande fierté à ce que ce soit initié par des femmes, ce projet.

Générique : Ce reportage a été réalisé par la Corlab, retrouvez-le en podcast sur Corlab.org