Territoires, lien social & transmission

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Edito

Pour cette troisième thématique à l’honneur, nous vous proposons une entrée autour de deux concepts, ceux de territoires et de transmission. Si elle s’intitule « territoires, lien social et transmission, c’est justement parce que la question du lien social nous semble à la fois être le trait d’union entre les deux autres concepts, mais aussi parce qu’il nous semble être central aux questions des solidarités, inhérent à toute expérimentation sociale collective et qu’il a d’ailleurs traversé tous les projets que nous vous avons présentés à ce jour, à titre d’objectif ou de moyen d’innovation.

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Le lien social peut être entendu dans sa fonction d’unir l’individu aux groupes sociaux et de garantir leur coexistence pacifique. Si les sociologues et les philosophes politiques ont tenté à travers l’histoire de définir le lien social, a fortiori aux ères de sa dite « crise », la thématique ne livre aucune définition commune mais décline une variété de réalisations marquantes et porteuses de confiance dans les pistes du vivre ensemble. A rebours du commentaire contemporain sur le délitement de la cohésion sociale, d’opposition entre universalité et communautarisme ou vivre ensemble et séparatismes, la SEIS braque les projecteurs sur les espaces qui font société à leur échelle, sur les mouvements qui réduisent un peu la distance entre l’individu et le groupe, où l’intégration se fait sans effacement de la personne, où les particularités ont leur place dans le tout.

Aujourd’hui, nous vous proposons de mettre cette question du lien social en tension avec deux dimensions collectives, le territoire et la transmission : dimensions à-même de lui donner sens et direction, incarnation et contextualisation, spatialité et temporalité.  La thématique est composée de projets qui créent du lien social sur, par et pour des territoires, ainsi qu’à travers la transmission, au sens d’échange et de formation. C’est donc une acception dynamique du lien social que nous vous proposons : dans l’espace et le temps de construction entre individus. Ce sont là en effet deux supports concrets et incontournables de sa pertinence, de son efficience et de sa pérennité pour les collectifs.

Puisqu’il est question de territoire, soulignons que la SEIS est une Saison qui programme des projets nationaux, voir internationaux, parfois en cours d’essaimage sur divers territoires, c’est aussi une programmation majoritairement bretonne, mais aussi brétilienne, costarmoricaine, finistérienne, morbihannaise, trop souvent rennaise, mais aussi un brin parisienne, de plus en plus rurale, intercommunale… une programmation qui compte des collectivités territoriales, des tiers-lieux, des espaces d’expérimentations localisées. La question de la représentativité territoriale est centrale pour nous, non pour parler de tout le monde, ni pour faire parler tous et toutes, mais surtout pour parler mieux des solidarités, en les problématisant toujours au regard des territoires qui les font vivre à leur donnent leur légitimité.

Le territoire est une question éminemment politique, c’est un espace différencié, avec des spécificités géographiques, historiques, culturelles et économiques. Il est de plus en plus utilisé dans son acception d’une échelle locale pertinente où l’individu peut se sentir inclus, où il essaie d’agir et ancre sa citoyenneté et sa participation. Face au mouvement historique de reflux des logiques politiques jugées trop descendantes, des volontés politiques de plus en plus locales, partagées, participatives, semblent nous raconter que l’horizon d’action collective le plus réaliste, le plus convivial, le plus actif et instructif, est surtout celui des territoires qui font sens par la force des représentations qu’ils sont à même d’évoquer aux individus qui les composent. Ce sera l’appartenance à un quartier, le choix d’un l’habitat partagé, la défense d’un environnement planétaire, ou d’une zone naturelle protégée en particulier, l’échelle départementale, la culture régionale, la ruralité comme mode de vie ou l’identification à une campagne en particulier, … Qu’il soit support de solidarités vivantes, ou un but en soi à défendre, le territoire est un écosystème qui s’articule autour d’un lieu commun, des gens qui y vivent et des institutions qui en construisent la cohérence dans l’espace… et à travers le temps.

C’est ici qu’intervient une seconde dimension, celle de la transmission, avec laquelle nous souhaitons jongler pour cette thématique. Car rappelons-le, la SEIS est portée par ASKORIA, acteur de la formation en intervention sociale.

Ce concept peut revêtir selon son champ, psychologique, sociologique, pédagogique, technique, etc. des enjeux très divers. Nous l’entendons ici au sens d’un mouvement du passage aux autres et notamment aux générations suivantes, des valeurs et usages jugés essentiels pour tou.te.s et pour demain. Entre liberté et déterminisme, mutations et préservation, qui peuvent sembler 2 directions opposées, le défi est de les faire justement coexister dans les expérimentations solidaires menées.  L’injonction peut être double entre se développer et progresser d’un côté et préserver un héritage et des valeurs de l’autre. Transmettre revient alors davantage à reconnaitre la capacité de savoir à l’autre, la capacité de comprendre, désirer, et développer.

Pour la question territoriale, le « retour au local » a émergé comme un ancrage incontournable dans la construction des collectifs, afin de favoriser la participation des population, l’adéquation entre les besoins, les ressources et les possibles à inventer ensemble. De la même manière, concernant la question de la transmission, les projets présentés cette année questionnent l’aspect descendant et centralisé des formes communicationnelles, éducatives, ou de formation. La passation en soi devient un enjeu d’expérimentation. Est interrogée la réciprocité des savoirs, est revendiquée l’expression de tou.te.s, la transmission de matrimoine  au même titre que le patrimoine par exemple, est explorée l’adaptation nécessaire des contextes de transmission, sont proposés des espaces-temps d’échanges, d’habitats ou de soins alternatifs. Le vivier de solidarités est aussi riche que non-exhaustif pour cette troisième transmission éditoriale du Campus. Elle pose la dernière brique à cette Saison qui s’animera encore pour les 2 prochains mois. Un territoire virtuel s’est construit au fil de cette Saison. Il augure, nous l’espérons, des liens sociaux réels, matériels, imaginaires, transterritoriaux et interdisciplinaires qui verront émerger du commun, ou qui contribueront simplement à inspirer les projets en cours ou en germes dans vos esprits et ceux des futurs acteurs des solidarités.  

Perspectives ESS

La contribution des acteurs de l’économie sociale et solidaire

  • La SCIC le Mélar’dit, un bistrot mais pas que !
  • #Chez Yvonne, un Tiers lieu favorisant le lien social intergénérationnel
  • Maison Glaz, un tiers-lieu modulaire

La collab’ avec La corlab

La contribution des radios locales associatives bretonnes

  • Céhâpi : découvrez un tiers-lieu d’échanges, de coopération et de solidarités en pays de Brocéliande
  • Chez Yvonne : découvrez ce tiers-lieu numérique en pays de Moncontour